Quand l'empire parle...

Tout le monde en parle recevait Claire Samson hier soir, la présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ). Venue alerter les auditeurs sur la décision de Pierre-Karl Péladeau de ne plus financer le Fonds canadien de télévision (FCT), Madame Samson a sonné la cloche à nouveau. Mais personne ne semble réagir face à cette annonce. Personne ne crie à l'injustice. Sommes-nous rendus si domptés face à l'empire Quebecor ?

Pour ceux qui ne sont pas familiés avec la nouvelle, Pierre-Karl Péladeau a donné sa proposition faite sur mesure pour Quebecor de ne plus financer le FCT qui encourage nos émissions d'ici. Il faut un certain arbitrage entre ceux qui font de notre télévision ce qu'elle est. Les artistes, les entreprises de câblodistribution et le CRTC doivent s'entendre. Sinon, des émissions comme Tout sur moi ou Rumeurs ne seraient pas diffusés. Ce qui me tracasse dans l'histoire de l'empire Quebecor, c'est qu'ils ont attendu la veille de l'élaboration du calendrier télévisuel de l'automne 2007 pour déposer leur propre proposition. Il y a quelques mois, le CRTC aurait eu plus de temps et de souplesse pour réagir. Mais Quebecor voulait certainement arriver comme un cheveu sur la soupe et mettre les gens du milieu devant le fait accompli. Shaw et Vidéotron, deux importants câblodistributeurs, se sont retirés du Fonds canadien de télévision parce qu'ils sont contre le fait que Radio-Canada reçoive 37 % de ce fonds.

Coup de théâtre, la Ministre du Patrimoine Bev Oda appuie l'initiative de Vidéotron et de Shaw ! Non mais est-ce que je rêve ?! Ah oui, j'oubliais, ce sont des Conservateurs... Sérieusement, la ministre Oda est d'avis que la structure actuelle du Fonds canadien de télévision ne tient pas compte des nouvelles réalités télévisuelles. Et qu'est-ce que sont supposées être ces nouvelles réalités télévisuelles ? La convergence ? Le manque d'ouverture à la diversité des émissions ? La priorité aux émissions américaines face à nos émissions canadiennes et québécoises ? C'est vraiment ahurissant ! Quand on connaît l'influence de la télévision sur notre culture, il y a vraiment de quoi s'inquiéter.

Dans la même veine, Sylvain Lafrance est en poursuite judiciaire pour des propos qu'il aurait tenu dans les médias, pouvant nuire à l'image de Pierre-Karl Péladeau. Comme quoi, lorsque l'on s'attaque à l'empire, le géant gronde...